La Grande-Bretagne cherche à canaliser ailleurs le budget de 750 millions de livres sterling réservé au programme d’observation de la Terre si Bruxelles le bloque.
La Grande-Bretagne cherche à jouer un rôle plus important dans l’Agence spatiale européenne si Bruxelles bloque sa participation continue au programme d’observation de la Terre Copernicus de l’UE.
George Freeman, ministre britannique des sciences, a déclaré qu’être exclu de la prochaine étape de Copernicus n’était pas incompatible avec une adhésion élargie à l’ESA, une organisation internationale distincte de l’UE.
« En fait, c’est tout le contraire. Cela signifie que notre adhésion à l’ESA est d’autant plus importante », a-t-il déclaré lors de la conférence FT Investing in Space à Londres. « Mais nous devrons venir à la table… avec une idée beaucoup plus claire de ce que nous voulons y mettre et de ce que nous pouvons en retirer. »
Dans une interview, Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, a salué l’engagement de Freeman et a proposé l’agence comme « le véhicule pour réaliser les ambitions nationales [du Royaume-Uni], car nous avons déjà les bonnes priorités et le bon cadre en place ».
La participation du Royaume-Uni à Copernicus, un programme de l’UE devenu opérationnel en 2014 et qui utilise une constellation de satellites pour surveiller l’environnement, semble devoir devenir une autre victime du différend de plus en plus âpre entre Bruxelles et Londres sur le régime commercial post-Brexit pour l’Irlande du Nord.
Le Royaume-Uni semble devoir être exclu du programme scientifique Horizon, tandis que sa participation future au partenariat de recherche nucléaire Euratom reste incertaine.
Le gouvernement britannique avait initialement prévu 750 millions de livres sterling pour ses futures contributions à Copernicus, mais l’espoir que Bruxelles lui permette d’y participer s’estompe. Sans le financement britannique, le programme est confronté à un manque de budget qui freinera les missions Copernicus prévues après 2024.
M. Aschbacher a convenu avec M. Freeman que la participation du Royaume-Uni à Copernicus serait la meilleure solution pour toutes les parties. Mais si un accord n’est pas trouvé, le déficit budgétaire est un « problème que Bruxelles doit résoudre », a-t-il déclaré. L’ESA était prête à travailler avec Bruxelles pour résoudre ce problème. Copernicus est financé par l’UE et largement mis en œuvre par l’ESA.
M. Freeman a déclaré que le Royaume-Uni travaillait sur des plans visant à réaffecter les 750 millions de livres sterling réservés à Copernicus. En dehors de Copernicus, l’industrie spatiale britannique pourrait exploiter de nombreuses autres opportunités dans le domaine de l’observation de la terre (EO), qui est cruciale pour la surveillance du changement climatique et d’autres activités.
« Il suffit de voir l’appétit croissant pour les données d’OT », a déclaré M. Freeman. « Il existe un certain nombre d’applications . . donc ce ne sont pas les clients qui manquent. Nous avons les fonds nécessaires… et de nombreux pays veulent travailler avec nous. »
M. Freeman a refusé de donner une date limite exacte pour que Bruxelles décide s’il faut permettre au Royaume-Uni de continuer à faire partie de Copernicus avant de prendre d’autres dispositions, mais « si le téléphone n’a pas sonné, alors au cours de l’automne nous commencerons à déployer nos plans », a-t-il déclaré.
M. Aschbacher a mentionné plusieurs programmes alternatifs prévus par l’ESA qui s’inscriraient dans la stratégie spatiale du Royaume-Uni. L’un d’eux est la création d’un « jumeau numérique de la Terre », un modèle de superordinateur qui utilisera les données d’observation de la Terre pour surveiller et prévoir l’activité naturelle et humaine sur la planète.
Un autre est un satellite appelé Truths qui fournira des mesures des radiations qui atteignent la Terre depuis le soleil et qui sont ensuite réfléchies dans l’espace.
M. Aschbacher a déclaré qu’il demanderait aux États membres de l’ESA une augmentation substantielle du financement lors de la prochaine réunion du conseil ministériel de l’ESA, prévue en novembre. L’ESA demande une augmentation de 25 à 30 % du budget de base triennal de 12,4 milliards d’euros qui a été convenu lors de la réunion ministérielle de 2019.
–
« voyage dans l’espace » est votre guide de l’espace